Dans cette section
- L’exposition au travail dangereux diminue-t-elle pour les travailleurs enfants identifiés par un SSRTE?
- La fréquentation scolaire augmente-t-elle pour les travailleurs enfants identifiés par un SSRTE?
- Quels facteurs contextuels ont un lien avec la probabilité qu’un enfant sorte du travail dangereux une fois identifié par un SSRTE?
- Quelles sont les performances respectives des différents types de solutions de remédiation visant à soustraire les enfants au travail dangereux ?
- Quelles sont les performances respectives des différents types de remédiation axés sur l’école visant à augmenter la fréquentation scolaire ?
- Références
Quelle est la probabilité que les enfants travailleurs identifiés par le SSRTE cessent de travailler ?
- Données issues des visites de suivi aux enfant précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants dans le cadre d’un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire.
- Relevé statistique
Visites de suivi: Dans le modèle de SSRTE de l’ICI, après qu’un enfant a été identifié comme astreint au travail des enfants et après qu’il a bénéficié d’une solution de remédiation, les agents d’observation rendent des visites de suivi à l’enfant à des intervalles de 3-6 mois pour vérifier s’il a cessé de réaliser des tâches dangereuses.
Un enfant précédemment identifié comme astreint au travail des enfants a déclaré ne plus effectuer de tâches dangereuses lors de deux visites de suivi consécutives.
Les séquences des visites de suivi sont disponibles pour cette étude uniquement pour les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire; la validité des résultats pour d’autres contextes peut être limitée.
Peu d’enfants inscrits dans la base de données avec des antécédents de travail des enfants, qui ont bénéficié d’une solution de remédiation et qui ont cessé de réaliser des tâches dangereuses, comme confirmé lors de deux visites de suivi, ont ensuite reçu une nouvelle visite après la deuxième visite de suivi; il est donc difficile de déterminer un critère de référence sur la base de ces données pour déclarer qu’un enfant a définitivement cessé de réaliser des tâches dangereuses.
Notre méthode
Nous examinons l’évolution des cas de travail des enfants identifiés sur une séquence de visites de suivi dans le cadre des SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire.39 Les enfants identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants dans un SSRTE de l’ICI reçoivent typiquement une ou plusieurs solutions de remédiation (assistance, biens ou services) adaptées à leurs besoins peu de temps après avoir été identifiés.40 Ils reçoivent ensuite une nouvelle visite de l’agent d’observation par intervalles typiques de 3 à 6 mois. Lors de ces visites de suivi, l’agent demande à l’enfant s’il continue de réaliser des tâches dangereuses et s’il va à l’école. Ces visites de suivi continuent jusqu’à ce que l’enfant ait déclaré ne plus réaliser des tâches dangereuses lors de deux visites consécutives. Une fois que l’enfant a déclaré ne plus réaliser de tâches dangereuses lors de deux visites consécutives, il ou elle est considéré(e) comme «soustrait(e) au travail dangereux» d’après le modèle de SSRTE, et passe des visites de suivi rapprochées au cycle normal de visites d’observation annuelles. Si l’enfant continue de réaliser des tâches dangereuses, l’agent continue de lui rendre visite tous les 3-6 mois.
Pour tous les projets de SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire, la base de données contient des rapports complets des visites de suivi pour un total de 16 869 enfants âgés de 5 à 17 ans qui ont précédemment été identifiés comme astreints au travail des enfants (y compris des rapports jusqu’en janvier 2020). Parmi ceux-ci, 6654 enfants n’ont reçu qu’une seule visite de suivi; les 10 215 enfants restants ont reçu au moins 2 visites de suivi. Il s’agit de l’échantillon d’enfants grâce auquel nous pouvons analyser l’efficacité du SSRTE pour soustraire les travailleurs enfants au travail dangereux.
Ce que nous constatons
Sur les 16 869 enfants précédemment identifiés comme effectuant des tâches dangereuses et suivis dans le cadre du SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire, 38 % ont déclaré ne plus effectuer de tâches dangereuses lors de leur première visite de suivi. Comme expliqué ci-dessus, la plupart de ces enfants ont eu plus d’une visite de suivi. Lorsque nous prenons en compte toutes les visites de suivi, nous constatons que 54 % des enfants précédemment astreints au travail des enfants ont déclaré ne plus effectuer de tâches dangereuses lors de l’une des visites de suivi.
Les données montrent également qu’il n’est pas rare que d’une visite à l’autre, les enfants déclarent ne plus réaliser des tâches dangereuses, puis qu’ils soient à nouveau astreints au travail dangereux, et inversement. Parmi tous les travailleurs enfants qui, lors d’une visite de suivi, ont déclaré ne plus effectuer de tâches dangereuses, 24 % ont à nouveau déclaré effectuer des tâches dangereuses lors d’une visite ultérieure. Par conséquent, lorsqu’un enfant précédemment soumis au travail des enfants déclare ne plus effectuer de tâches dangereuses lors d’une visite de suivi, s’il s’agit d’une amélioration temporaire de la situation, cela ne suffit pas à considérer que le cas de travail des enfants est résolu.
Lorsque nous appliquons le critère d’au moins 2 visites de suivi consécutives sans tâches dangereuses signalées, nous constatons que 29 % des enfants précédemment astreints au travail des enfants ont cessé de réaliser des tâches dangereuses dans le cadre du SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire.
Identification et suivi des enfants dans le travail des enfants
Tableau 4 : Taux d’enfants précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants dans le cadre de SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire qui ont annoncé avoir cessé de travailler au cours des visites de suivi.
| # d’enfants | Taux parmi un sous-ensemble de travailleurs enfants |
---|---|---|
Enfants précédemment astreints au travail dangereux des enfants et ayant reçu au moins 1 visite de suivi | 16,869 | |
Enfants précédemment astreints au travail dangereux des enfants et ayant reçu au moins 2 visites de suivi | 10,215 | |
Enfants précédemment astreints au travail dangereux des enfants qui ne réalisaient plus de tâches dangereuses lors de la première visite de suivi | 6 365 (parmi 16 896 enfants ayant reçu au moins une visite de suivi) | 38% |
Enfants précédemment astreints au travail dangereux des enfants qui ne réalisaient plus de tâches dangereuses lors de la dernière visite de suivi en date | 8 193 (parmi 16 896 enfants ayant reçu au moins une visite de suivi) | 49% |
Enfants précédemment astreints au travail dangereux des enfants qui ne réalisaient plus de tâches dangereuses lors de 2 visites de suivi consécutives (c.-à-d. enfants soustraits au travail dangereux) | 2 981 (parmi 10 215 enfants ayant reçu au moins 2 visites de suivi) | 29% |
Enfants précédemment astreints au travail dangereux des enfants qui ne réalisaient plus de tâches dangereuses lors d’une (ou plusieurs) visite(s) de suivi | 9,044 (parmi 16 896 enfants ayant reçu au moins une visite de suivi) | 54% |
Dans un SSRTE déployé par l’ICI, un enfant qui a annoncé ne pas effectuer de tâches dangereuses lors de deux visites de suivi consécutives retourne dans un cycle d’observation standard, dont les visites sont moins fréquentes. Dans la base de données du SSRTE de l’ICI pour la Côte d’Ivoire, 880 enfants ayant des antécédents de travail des enfants ont cessé d’effectuer des tâches dangereuses après une séquence de visites de suivi, étaient toujours âgés de moins de 18 ans et ont reçu encore au moins une visite dans le cadre du cycle standard d’observation. Parmi ces 880 enfants, 20,5 % sont retombés dans le travail dangereux des enfants après en avoir été soustraits avec succès. Si nous appliquons le critère additionnel selon lequel au moins 3 mois doivent séparer les dernières visites, cette proportion descend à 16,3 %.
Il n’est pas rare que d’une visite à l’autre, les enfants déclarent ne plus réaliser des tâches dangereuses, puis qu’ils soient à nouveau astreints au travail dangereux, et inversement. Pour cette raison, une seule visite de suivi n'est pas suffisante pour considérer que le cas du travail des enfants est résolu.
Nos conclusions et recommandations
Les séquences de visites individuelles aux enfants fournissent des données précieuses pour aider à comprendre la dynamique du travail des enfants dans le contexte des SSRTE dans la production de cacao. Tout d’abord, les données montrent que les enfants qui semblent être sortis du travail des enfants lors d’une visite peuvent à nouveau y être astreints lors d’une autre visite quelques mois plus tard. Notre première conclusion principale tirée de nos données est que plus d’une visite de suivi est nécessaire pour contrôler qu’un enfant a cessé d’effectuer des tâches dangereuses après avoir bénéficié d’une solution de remédiation. Les données ne permettent pas de recommander clairement un nombre de visites de suivi ni la durée minimale du suivi rapproché. Dans les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire, lorsque les enfants déclarent ne plus effectuer de tâches dangereuses lors de 2 visites de suivi consécutives, le risque qu’ils retombent dans le travail dangereux des enfants par la suite n’est que de 21 % (veuillez noter que cette estimation se base sur un échantillon de seulement 880 enfants).
Plus d'une visite de suivi est nécessaire pour vérifier que l'enfant a arrêté d'effectuer des travaux dangereux.
Plus d’une visite de suivi est nécessaire pour contrôler que l’enfant ne réalise plus de tâches dangereuses après avoir bénéficié d’une solution de remédiation.
Les séquences de visites individuelles aux enfants fournissent des données précieuses sur la dynamique du travail des enfants dans le contexte des SSRTE dans la production de cacao.
Dans les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire, parmi les travailleurs enfants qui ne déclarent plus effectuer des tâches dangereuses lors de 2 visites de suivi consécutives, le risque qu’ils retombent dans le travail dangereux des enfants par la suite est d’environ 21 %.
L’exposition au travail dangereux diminue-t-elle pour les travailleurs enfants identifiés par un SSRTE?
- Données issues des visites de suivi aux enfants précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants dans le cadre d’un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire
- Relevé statistique.
- Nombre de dangers différents auxquels un enfant est exposé.
- Nombre d’heures qu’un enfant travaille par jour de travail.
- Nombre de jours qu’un enfant travaille par semaine.
Les séquences des visites de suivi sont disponibles pour cette étude uniquement pour les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire; la validité des résultats pour d’autres contextes peut être limitée.
Davantage de travail est nécessaire pour développer les outils servant à mesurer la gravité et l’intensité du travail des enfants actuellement disponibles et utilisés dans les SSRTE.
Notre méthode
Nous observons plus en détail les travailleurs enfants identifiés par un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire qui continuent d’effectuer des tâches dangereuses après avoir bénéficié d’une solution de remédiation, afin de vérifier si leur situation de travail s’est améliorée, même si elle n’est pas entièrement résolue. Nos données nous permettent d’analyser les progrès par rapport à un ensemble limité d’indicateurs de gravité ou d’intensité du travail des enfants : le nombre de dangers différents auxquels les enfants sont exposés ; le nombre d’heures qu’un enfant déclare travailler dans une journée de travail; et le nombre de jours qu’un enfant déclare travailler par semaine.41 Pour chacun de ces indicateurs, nous vérifions, pour chaque visite de suivi, si la situation de l’enfant s’est améliorée (c.- à-d. l’enfant est exposé à moins de dangers ou travaille moins d’heures ou de jours), si elle est restée identique, ou si elle s’est aggravée (c.-à-d. l’enfant est exposé à davantage de dangers ou travaille plus d’heures ou de jours), en comparaison avec la visite précédente. Pour analyser les progrès en matière d’heures travaillées par jour et de jours travaillés par semaine, nous prenons uniquement en compte les enfants de 10 ans ou plus au moment de l’entretien. En effet, il est généralement très difficile pour les enfants plus jeunes de fournir des estimations fiables du temps qu’ils passent à réaliser une certaine activité durant une période de référence donnée.
Ce que nous constatons
Les travailleurs enfants identifiés par un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire déclarent être exposés à 1 à 3 tâches dangereuses différentes lorsqu’ils travaillent sur la plantation de cacao, avec une moyenne d’environ 2 tâches dangereuses différentes. Si les travailleurs enfants suivis par le SSRTE continuent d’effectuer des tâches dangereuses, leur exposition à différentes tâches dangereuses diminue légèrement en moyenne d’une visite à l’autre.42 Parmi toutes les visites de suivi lors desquelles les enfants ont déclaré avoir continué de réaliser des tâches dangereuses (4750 visites), 23 % des entretiens ont enregistré une exposition à moins de dangers en comparaison avec la visite précédente; et 19 % des entretiens ont enregistré une exposition à davantage de dangers (pour les 59 % restants, le nombre de tâches dangereuses rapportées était identique).
Graphique 9 : Sur l'ensemble des visites de suivi au cours desquelles les enfants ont déclaré qu'ils continuaient à effectuer des travaux dangereux (4 750 visites).
Puis, nous étudions le nombre d’heures que les enfants ont déclaré travailler par journée de travail, qui correspond à une moyenne de 3,2 heures pour les enfants qui ont continué d’effectuer des tâches dangereuses et qui avaient au moins 10 ans. Sur un total de 3920 visites, dans 27 % des cas, les enfants ont déclaré travailler moins d’heures par jour en comparaison avec la visite précédente; contre 30 % de visites où les enfants ont déclaré travailler davantage d’heures (pour les 42,4 % restants, les enfants ont travaillé le même nombre d’heures) (voir graphique 10).
Graphique 10 : Nombre heures travaillées par jour, rapporté par les enfants qui continuent à effectuer des tâches dangereuses et qui ont au moins 10 ans.
Pour contrôler les progrès relatifs au nombre de jours travaillés par semaine par les enfants qui continuent de réaliser des tâches dangereuses, nous prenons encore une fois en compte uniquement les enfants d’au moins 10 ans. En moyenne, les travailleurs enfants de l’échantillon d’enfants ayant plus de 10 ans et suivis par un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire déclarent travailler 3 jours par semaine. Sur un total de 3907 visites pour lesquelles cette information est disponible, dans 27 % des visites, les enfants ont déclaré travailler moins de jours par semaine; contre 29 % des visites où les enfants ont déclaré travailler davantage de jours par semaine, en comparaison avec la visite précédente (pour les 45 % restants, les enfants travaillent le même nombre de jours) (voir graphique 11).
Graphique 11: Nombre de jours travaillés par semaine, rapporté par les enfants qui continuent à effectuer des tâches dangereuses et qui ont au moins 10 ans.
Nos conclusions et recommandations
Nous remarquons que dans les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire, les enfants qui continuent de réaliser des tâches dangereuses sont exposés à moins de types de dangers différents lorsqu’ils sont suivis ; mais qu’en moyenne, aucune diminution de la fréquence ni la durée de leur travail n’est constatée. Cependant, cette moyenne masque des différences d’un cas à l’autre: près d’un tiers des enfants rapporte une diminution du nombre d’heures ou de jours travaillés ; tandis que pour un autre tiers, le nombre d’heures ou de jours travaillés a augmenté avec le temps.
Les SSRTE peuvent aider non seulement à identifier un enfant astreint ou non au travail des enfants, mais aussi à observer l’ampleur de son exposition aux dangers. Les outils servant à mesurer la gravité et l’intensité du travail des enfants, et les concepts permettant de classer leurs niveaux, doivent encore progresser, mais les acteurs déployant des SSRTE doivent s’efforcer de davantage développer et améliorer les modules respectifs des outils de collecte de données, par exemple en demandant des informations sur le nombre de tâches effectuées et d’heures et de jours travaillés. Étant donné que de nombreux enfants passent fréquemment du statut «astreint au travail des enfants» au statut «sorti du travail des enfants» puis à nouveau au statut «astreint», il est important qu’un SSRTE permette de comprendre plus en détail les cas individuels et de différencier les cas plus ou moins graves.
- Les enfants qui continuent d’effectuer des tâches dangereuses connaissent une légère diminution du nombre de tâches dangereuses réalisées, mais en moyenne, nous ne constatons aucune diminution de la fréquence ou de la durée de leur travail.
- a situation de certains enfants astreints au travail des enfants s’améliore avec le temps. Pour d’autres, elle s’aggrave.
- Les SSRTE devraient observer non seulement si un enfant est astreint ou non au travail dangereux des enfants, mais différencier les cas plus ou moins graves.
- Les SSRTE devraient pouvoir identifier les cas où la gravité et l’intensité du travail des enfants augmentent avec le temps et soutenir ces enfants en priorité.
La fréquentation scolaire augmente-t-elle pour les travailleurs enfants identifiés par un SSRTE?
- Données issues des visites de suivi aux enfants précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants et déscolarisés dans le cadre d’un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire.
- Relevé statistique.
L’enfant est déscolarisé: enfant n’est actuellement pas inscrit à l’école; comprend les enfants n’ayant jamais été inscrits et les enfants qui ont abandonné l’école.
Enfant scolarisé: L’enfant était scolarisé lors de deux visites de suivi consécutives
- Les séquences des visites de suivi sont disponibles pour cette étude uniquement pour les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire; la validité des résultats pour d’autres contextes peut être limitée.
Notre méthode
Nous évaluons la manière dont la fréquentation scolaire des enfants évolue tandis qu’ils sont suivis et qu’ils reçoivent une solution de remédiation dans le cadre du SSRTE. Nous utilisons les données issues des SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire qui partagent des informations sur les séquences de visites de suivi pour un nombre important d’enfants. Dans ces SSRTE, un total de 4472 enfants identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants étaient en même temps déscolarisés. Parmi ceux-ci, nous accordons une attention particulière aux enfants en âge d’aller à l’école primaire (12 ans ou moins), et distinguons ceux vivant dans des communautés dotées d’une école primaire (1217 enfants) de ceux vivant dans des communautés sans école primaire (673 enfants). Pour chacun de ces enfants, nous contrôlons si au moment de la visite de suivi, ils ont commencé à fréquenter l’école. Tout comme pour le critère que nous utilisons pour déterminer si un enfant a été soustrait au travail dangereux, nous appliquons le critère selon lequel un enfant doit déclarer être scolarisé lors de deux visites de suivi consécutives. Nous possédons des données pour 882 enfants en âge d’aller à l’école primaire précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants et déscolarisés, et qui ont reçu au moins 2 visites de suivi.
Ce que nous constatons
Pour poser le contexte, la fréquentation scolaire est au même niveau parmi les travailleurs enfants et parmi les enfants qui ne travaillent pas: parmi tous les enfants identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants dans un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire, environ 73 % sont scolarisés, contre 72 % parmi les enfants qui ne sont pas astreints au travail dangereux.
Parmi tous les enfants identifiés comme astreints au travail dangereux et déscolarisés dans le cadre d’un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire, 18 % avaient commencé à aller à l’école lors de la première visite de suivi. Dans le même échantillon, mais en prenant en compte uniquement les enfants en âge d’aller à l’école primaire (12 ans ou moins) vivant dans des communautés dotées d’une école primaire, 26 % avaient commencé à aller à l’école lors de la première visite de suivi; et 31 % étaient scolarisés lors de la dernière visite de suivi en date. Parmi ceux ayant reçu au moins deux visites de suivi ou plus, 20 % déclaraient aller à l’école lors de deux visites consécutives.
Dans les communautés sans école primaire, les taux correspondants sont inférieurs, mais tout de même remarquablement élevés : parmi les enfants en âge d’aller à l’école primaire précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants et en même temps déscolarisés, mais vivant dans une communauté sans école primaire, 19,5 % avaient commencé à aller à l’école lors de la première visite de suivi, et 24 % lors de la dernière visite en date. Parmi ceux ayant reçu au moins deux visites de suivi, 14 % déclaraient aller à l’école lors de deux visites consécutives.
Nos conclusions t recommandations
Pour les travailleurs enfants déscolarisés, les SSRTE visent généralement non seulement à combattre leur participation au travail dangereux, mais également à améliorer leur accès à l’éducation. Pour les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire, nous constatons des accomplissements remarquables dans l’amélioration de la fréquentation scolaire des travailleurs enfants, avec environ un travailleur enfant déscolarisé sur quatre commençant à fréquenter l’école dans le cadre du système. Néanmoins, si les SSRTE sont particulièrement efficaces en termes de scolarisation des enfants, ils ne sont pas aussi performants pour empêcher les enfants d’effectuer des travaux dangereux.
Les enfants exposés à des dangers en lien avec leur travail et simultanément privés d’une éducation sont particulièrement vulnérables et ont besoin de soutien. Nous émettons les recommandations suivantes :
- Les outils de collecte de données des SSRTE devraient inclure des questions visant à déterminer le statut scolaire de l’enfant.
- Les enfants astreints au travail des enfants et déscolarisés doivent être soutenus en priorité.
- La capacité des SSRTE à favoriser le retour à l’école des enfants déscolarisés devrait recevoir plus d’attention dans la communication et les rapports ; l’amélioration de l’accès des enfants à l’éducation devrait également faire partie des indicateurs clés de performance d’un SSRTE.
Un SSRTE a pour objectif d’améliorer l’accès des enfants à plusieurs droits fondamentaux (éducation, identité, etc.) et de combattre le travail des enfants.
Les enfants déscolarisés et astreints au travail des enfants sont particulièrement vulnérables et devraient être soutenus en priorité par le SSRTE.
Les accomplissements en matière de scolarisation devraient recevoir plus d’attention dans la communication et les rapports des SSRTE, et devraient faire partie des indicateurs clés de performance des SSRTE.
Quels facteurs contextuels ont un lien avec la probabilité qu’un enfant sorte du travail dangereux une fois identifié par un SSRTE?
- Données issues des visites de suivi aux enfants précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants dans le cadre d’un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire.
- Régression logistique.
- Un enfant précédemment identifié comme astreint au travail des enfants a déclaré ne plus effectuer de tâches dangereuses lors de deux visites de suivi consécutives.
- Les séquences des visites de suivi sont disponibles pour cette étude uniquement pour les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire; la validité des résultats pour d’autres contextes peut être limitée.
Notre méthode
Nous examinons quelles caractéristiques relatives à l’enfant, au ménage ou à la communauté influencent la probabilité qu’un enfant sorte du travail dangereux dans le cadre d’un SSRTE. Nous utilisons des séquences de visites de suivi dans le cadre de SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire.43 Pour un enfant précédemment identifié comme astreint au travail dangereux des enfants, nous définissons l’expression «sorti du travail dangereux» comme n’ayant pas réalisé de tâches dangereuses lors d’au moins deux visites de suivi consécutives. Puisque plusieurs facteurs rentrent en jeu en parallèle et peuvent agir en combinaison, nous utilisons un modèle de régression logistique spécifié comme suit:
- Les unités d’observation sont les enfants précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants ;
- La variable dépendante est si un enfant est sorti du travail dangereux ;
- Les variables explicatives comprennent:
l’âge et le sexe de l’enfant
si l’enfant était scolarisé au moment où il ou elle a été identifié(e) comme astreint(e) au travail dangereux des enfants
si l’enfant vit avec au moins un parent biologique
si l’enfant a des frères et sœurs aînés
le nombre de membres dans le foyer (variables indicatrices pour un ménage ayant jusqu’à 5, 6-10, ou plus de 10 membres)
si le chef du ménage et le/la conjoint(e) du chef savent lire et écrire
si le ménage est dirigé par une femme
si la communauté est dotée d’une école primaire
si la communauté est accessible par la route toute l’année
si la communauté est reliée au réseau électrique
Nous ajoutons successivement ces caractéristiques relatives à l’enfant, au ménage et à la communauté aux régressions afin de repérer les cas potentiels de multicollinéarité.
Environ 30 % des enfants travailleurs identifiés par le SSRTE cessent le travail dangereux
Ce que nous constatons
Globalement, 29,2 % des enfants sortent du travail dangereux (défini comme ne déclarant aucune tâche dangereuse lors de deux visites de suivi consécutives) lorsque nous observons l’échantillon d’enfants identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants dans le cadre d’un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire et ayant reçu au moins deux visites de suivi consécutives.
Les résultats de la régression soulignent plusieurs facteurs qui ont un effet statistiquement significatif sur la probabilité qu’un enfant sorte du travail dangereux :
- les filles sont plus susceptibles que les garçons, d’environ 2 points de pourcentage, de sortir du travail dangereux ;
- les enfants qui fréquentaient l’école au moment où ils ont été identifiés comme astreints au travail des enfants sont plus susceptibles, d’environ 3 points de pourcentage, de sortir du travail dangereux ;
- les enfants vivant avec au moins un parent biologique sont plus susceptibles, d’environ 4 points de pourcentage, de sortir du travail dangereux ;
- les enfants ayant des frères et sœurs aînés sont moins susceptibles, d’environ 2 points de pourcentage, de sortir du travail dangereux ;
- la présence d’une école primaire dans la communauté augmente la probabilité qu’un enfant sorte du travail dangereux d’environ 3 points de pourcentage.
Les autres facteurs inclus dans la régression n’ont pas d’effets statistiquement significatifs. Cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas pertinents, mais plutôt que les données ne nous permettent pas de savoir avec suffisamment de certitude s’ils influencent la probabilité que les enfants sortent du travail dangereux dans le cadre du SSRTE, et dans quelle mesure.
Nos conclusions et recommandations
Les données mettent en évidence un certain nombre de facteurs qui diminuent la probabilité qu’un enfant puisse être soustrait au travail dangereux. Ces facteurs sont globalement cohérents avec les facteurs de risque établis de manière empirique pour le travail des enfants en général. Si les enfants sont astreints au travail des enfants et déscolarisés et s’ils ne vivent pas avec leurs parents biologiques (p. ex. les enfants vivant avec leurs proches, ou les enfants adoptés), s’ils ont des frères et sœurs aînés, ou s’ils n’ont pas accès à une école primaire dans la communauté, ils nécessiteront une attention et des efforts supplémentaires pour remédiation à leur situation. Si un SSRTE identifie des cas de travail des enfants présentant un ou plusieurs de ces facteurs de risque, il devrait disposer d’un mécanisme pour signaler ces cas et garantir que ces enfants bénéficient de solutions de remédiation appropriées et qu’ils sont suivis de près.
Toutefois, il est important de noter que ces facteurs sont associés à la probabilité qu’un enfant sorte du travail dangereux ; ils ne révèlent pas nécessairement un effet de causalité sur le succès du SSRTE. Tirer des conclusions sur les relations de causalité entre la possibilité qu’un SSRTE sorte des enfants du travail dangereux et l’un de ces facteurs requiert des méthodes (quasi) expérimentales qui n’ont pas encore été appliquées dans le contexte spécifique des SSRTE.
L’encadré 2 présente la façon dont les données collectées dans le cadre du SSRTE de PMI dans le secteur du tabac ont été triangulées avec des données provenant d’autres sources, dans le but de mieux comprendre les causes profondes du recours au travail des enfants et les obstacles qui empêchent d’y remédier, et d’améliorer les messages de sensibilisation en conséquence.
La probabilité que les enfants sortent du travail dangereux suite à une solution de remédiation reçue dans le cadre d’un SSRTE change en fonction des facteurs contextuels.
Plus spécifiquement, la probabilité de sortir du travail des enfants est plus élevée pour les filles que pour les garçons, pour les enfants qui étaient scolarisés au moment où ils ont été identifiés comme astreints au travail des enfants, pour les enfants vivant avec au moins un parent biologique (contrairement aux enfants vivant avec des proches, ou des enfants adoptés par exemple), pour les enfants qui n’ont pas de frères et sœurs aînés, et pour les enfants vivant dans une communauté dotée d’une école primaire.
Même si certains de ces facteurs n’ont pas d’effet de causalité, ils indiquent quels enfants nécessiteront de l’attention et des efforts supplémentaires pour remédier à leur situation. Un SSRTE pourrait appliquer un mécanisme pour signaler ces cas et garantir qu’ils reçoivent des solutions de remédiation appropriées et qu’ils sont suivis de près.
Dans le cadre de son programme de pratiques de travail agricole (ALP) (pour plus de détails, voir l’encadré 1), les conditions de travail des agriculteurs fournissant du tabac à PMI sont systématiquement observées par des techniciens de terrain. La source principale de données provient des informations recueillies par les techniciens de terrain lors de leurs visites aux exploitations, dans le but d’établir le profil des exploitations, d’enregistrer les pratiques qui ne sont pas conformes aux normes du Code ALP, et de déterminer les étapes de remédiation et les plans d’action.
Afin de pleinement exploiter ces données, PMI a commencé à les trianguler avec des informations issues d’autres sources, comme des évaluations externes et des mécanismes de traitement des plaintes, afin de mieux comprendre les causes sous-jacentes des problèmes liés aux droits du travail. PMI recommande de trianguler les données issues du SSRTE avec les données fournies par des structures communautaires, des associations de travailleurs ou d’agriculteurs, d’autres organisations de la société civile, et par le gouvernement, afin de dresser un tableau complet de la réalité sur le terrain et des risques principaux. Concrètement, les données recueillies à partir d’évaluations externes et de sources publiques sont utilisées en interne pour quantifier le risque potentiel de travail des enfants, qui n’est peut-être pas mesuré lors de l’observation exploitation par exploitation (étant donné que les techniciens de terrain ne sont présents sur les exploitations que pendant un temps limité et que les problèmes identifiés sont souvent systémiques).
D’autre part, PMI combine des données qualitatives (recueillies grâce à des méthodes participatives) pour évaluer l’efficacité des initiatives sur le terrain et leur impact sur la gestion des causes profondes. La vérification externe effectuée en Indonésie en est un exemple représentatif. L’une des principales conclusions est que le travail des enfants est considéré comme faisant partie d’une norme sociale répandue de travail communautaire (gotong royong). Des croyances culturelles fortes ancrées dans la société, y compris chez certains dirigeants locaux, éducateurs et représentants de la communauté, peuvent affaiblir le message de l’entreprise sur le travail des enfants. Ce constat a permis à PMI de mieux comprendre les causes profondes du problème, ce qui a conduit à l’introduction et à la modification d’initiatives telles que la formation et la sensibilisation.
Quelles sont les performances respectives des différents types de solutions de remédiation visant à soustraire les enfants au travail dangereux ?
- Données issues des visites de suivi aux enfants précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants dans le cadre d’un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire.
L’enfant est sorti du travail dangereux: Un enfant précédemment identifié comme astreint au travail des enfants a déclaré ne plus effectuer de tâches dangereuses lors de deux visites de suivi consécutives.
Types de solutions de remédiation: Voir annexe A et annexe E pour un aperçu et une description des types de solutions de remédiation fournis dans le cadre des SSRTE dans le secteur cacaoyer.
Les séquences des visites de suivi sont disponibles pour cette étude uniquement pour les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire; la validité des résultats pour d’autres contextes peut être limitée.
Un type approprié de remédiation est typiquement choisi pour chaque enfant en fonction de son profil et de ses besoins spécifiques, ce qui augmente les chances pour que l’enfant sorte du travail dangereux. Par conséquent, la relation que nous observons entre la réception d’un certain type de remédiation et le fait de sortir du travail dangereux n’est pas nécessairement causale.
Définition:
- Dans le contexte d’un SSRTE, un soutien est fourni aux enfants à risque et astreints au travail des enfants afin de prévenir et réduire le travail des enfants et d’y remédier.
- La remédiation inclut des activités visant à prévenir les futurs cas de travail des enfants et à remédier aux cas actuels de travail des enfants. Elle peut notamment inclure une assistance (p. ex. pour obtenir un certificat de naissance), des services (p. ex. un travail de sensibilisation sur mesure), ou des biens (p. ex. un kit scolaire), et peut être offerte aux enfants, aux foyers ou aux communautés.44
- Pour plus de contexte, voir également annexe E Types de remédiation fournis, et nombre d’enfants recevant chaque type dans le cadre des SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire.
Notre méthode
Nous examinons la mesure dans laquelle la chance qu’un enfant sorte du travail dangereux est associée au type de solution de remédiation que l’enfant (ou la famille de l’enfant ou sa communauté) a reçu dans le cadre du SSRTE. Nous utilisons des séquences de visites de suivi dans le cadre de SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire.45 Comme dans les sections précédentes, nous définissons l’expression «sorti du travail dangereux» comme n’ayant pas déclaré réaliser des tâches dangereuses lors d’au moins deux visites de suivi consécutives, pour un enfant ayant précédemment été identifié comme astreint au travail dangereux des enfants. Pour des raisons évidentes, nous prenons en compte pour cette analyse uniquement les services que l’enfant a reçus avant que la visite de suivi en question n’ait lieu.
Nous utilisons un modèle de régression logistique spécifié comme suit
les unités d’observation sont les enfants précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants ;
la variable dépendante est si un enfant a cessé de réaliser des tâches dangereuses ;
les variables explicatives d’intérêt sont des indicateurs permettant de savoir si l’enfant a reçu un certain type de remédiation, en tenant compte du fait que de nombreux enfants ont reçu plus d’un type de remédiation;
• les variables de contrôle comprennent:
l’âge et le sexe de l’enfant (sauf si nous séparons l’échantillon par sexe)
si l’enfant était scolarisé au moment où il a été identifié comme astreint au travail dangereux des enfants
si l’enfant vit avec au moins un parent biologique
si l’enfant a des frères et sœurs aînés
le nombre d’enfants vivant dans le ménage
si le chef du ménage et le/la conjoint(e) du chef savent lire et écrire
si le ménage est dirigé par une femme
l’âge du chef du ménage (sous la forme d’un terme linéaire et d’un terme au carré pour tenir compte d’une relation non linéaire)
si la communauté est dotée d’une école primaire (sauf si nous séparons l’échantillon en fonction de la présence d’une école primaire)
si la communauté est accessible par la route toute l’année
si la communauté est reliée au réseau électrique.
Afin de mieux comprendre quel type de remédiation a été le plus efficace dans quelle situation, nous séparons l’échantillon d’enfants en deux groupes : nous observons séparément les garçons et les filles ; les enfants âgés de 5 à 12 ans (âge de l’école primaire), et les enfants âgés de 13 à 17 ans ; les enfants vivant dans des communautés dotées d’une école primaire, versus des communautés sans école primaire.
Ce que nous constatons
Globalement, nous voyons que les types de remédiation servant à améliorer l’accès à l’école et la qualité de l’école semblent être particulièrement efficaces pour soustraire les enfants au travail dangereux. Lorsque les enfants bénéficient de cantines scolaires ou d’autres améliorations au niveau de l’école au sein de la communauté, lorsqu’ils ont accès à des classes passerelles, et lorsqu’ils reçoivent des kits scolaires et des uniformes, ils sont fortement susceptibles de cesser toute activité dangereuse.46 Vivre dans une communauté dotée de groupes de services communautaires,47 ou dans une famille qui reçoit un soutien pour des activités génératrices de revenus est associé à une probabilité de cesser toute activité dangereuse inférieure à la moyenne. Dans l’interprétation de ces résultats, nous devons prendre en compte le fait que pour les groupes de services communautaires, nous savons uniquement si un groupe de services communautaires a été mis en place dans la communauté de l’enfant, mais pas par qui les services de ce groupe ont été requis. Il en va de même pour les activités génératrices de revenus : nous savons uniquement si un tel soutien a été reçu par un ménage, mais pas si un revenu additionnel a effectivement été généré à la suite du soutien.
Nous ne constatons que des différences mineures entre les filles et les garçons pour la plupart des types de remédiation. Cependant, il existe quelques exceptions : notamment la distribution de certificats de naissance, les améliorations au niveau des écoles (qui comprennent, par exemple, l’installation de toilettes), les classes passerelles, les cours de soutien et la sensibilisation, qui semblent profiter davantage aux filles qu’aux garçons. D’un autre côté, les garçons semblent tirer davantage de bénéfices des cantines scolaires.
Le graphique 12 illustre comment les différents types de remédiation sont associés à la probabilité que les filles (points rouges) et les garçons (points bleus) sortent du travail dangereux (après avoir distingué les effets d’autres types de solutions de remédiation reçus par le même enfant, ainsi que les effets des caractéristiques relatives à l’enfant, au ménage et à la communauté). Les points situés plus loin sur la droite indiquent les types de remédiation associés à une probabilité plus élevée que les enfants sortent du travail dangereux (les points représentent les effets marginaux des régressions logistiques mentionnées ci-dessus ; voir notes sous le graphique pour tous les détails).
Graphique 12 : Dans quelle mesure la probabilité de sortir du travail dangereux augmente-telle pour les bénéficiaires (garçons et filles) de différents types de remédiation?
Notes : Les effets marginaux d’une régression logistique où la variable dépendante est le fait qu’un enfant soit sorti du travail dangereux ou non; et les principales variables explicatives sont des indicateurs pour avoir reçu différents types de remédiation. Par exemple, le fait de recevoir un kit scolaire ou un uniforme a un effet marginal d’environ 0,07 pour les garçons et les filles, ce qui indique que pour un bénéficiaire d’un kit scolaire ou d’un uniforme, la probabilité de sortir du travail dangereux des enfants augmente d’environ 7 points de pourcentage, tous les autres facteurs restant égaux. La valeur zéro sur l’échelle représente la probabilité moyenne pour un bénéficiaire de sortir du travail dangereux, qui est d’environ 28 % dans cet échantillon. Toutes les régressions prennent également en compte le sexe et l’âge de l’enfant, sa scolarisation au moment de la première visite, le nombre total d’enfants dans le ménage, si l’enfant a des frères et sœurs aînés, si l’enfant vit avec ses parents biologiques, si le chef du ménage et son/sa conjoint(e) sont alphabétisés, l’âge du chef du ménage (simple et au carré), l’accès à l’électricité et la présence d’une école primaire dans la communauté. Les estimations des coefficients ne sont affichées que pour les types de remédiation ayant des échantillons raisonnablement importants de bénéficiaires (tandis que dans les régressions réelles que nous avons incluses, tous les types de remédiation sont compris). Les points indiquent les estimations des coefficients, les barres horizontales indiquent les intervalles de confiance à 95 % pour ces estimations (veuillez noter que les intervalles de confiance ont tendance à être plus grands plus le nombre de bénéficiaires du type de remédiation donné dans l’échantillon est faible).
Le graphique 13 montre les différences entre les enfants plus jeunes (5-12 ans) et plus âgés (13-17 ans) ayant reçu différents types de remédiation. Dans l’ensemble, la probabilité de sortir du travail dangereux diffère de manière minime entre les bénéficiaires plus jeunes et plus âgés des différents types de remédiation (toujours par rapport à la probabilité moyenne de sortir du travail dangereux au sein du groupe d’âge, qui, comme nous le savons, est plus élevée pour les enfants plus jeunes). Les données suggèrent que les enfants plus jeunes pourraient uniquement bénéficier davantage des améliorations axées sur l’école (même si le nombre de bénéficiaires dans les deux groupes d’âge de l’échantillon est petit; par conséquent, la différence n’est pas statistiquement significative)
Graphique 13: Dans quelle mesure la probabilité de sortir du travail dangereux augmente-telle pour les bénéficiaires (des groupes d’âge de 5-12 ans et de 13-17 ans) de différents types de remédiation?
Notes : Les effets marginaux d’une régression logistique où la variable dépendante est le fait qu’un enfant soit sorti du travail dangereux ou non; et les principales variables explicatives sont des indicateurs pour avoir reçu différents types de remédiation (voir aussi graphique 12). Toutes les régressions prennent également en compte le sexe et l’âge de l’enfant, sa scolarisation au moment de la première visite, le nombre total d’enfants dans le ménage, si l’enfant a des frères et sœurs aînés, si l’enfant vit avec ses parents biologiques, si le chef du ménage et son/sa conjoint(e) sont alphabétisés, l’âge du chef du ménage (simple et au carré), l’accès à l’électricité et la présence d’une école primaire dans la communauté. Les points indiquent les estimations des coefficients, les barres horizontales indiquent les intervalles de confiance à 95 % pour ces estimations.
Ces résultats doivent être considérés comme descriptifs. Ils indiquent quels types de remédiation sont associés à un taux de « succès » plus élevé, ce qui combine l'efficacité d’un type de remédiation en tant que tel et la difficulté à traiter la situation de travail des enfants
Graphique 14: Dans quelle mesure la probabilité de sortir du travail dangereux augmente-t-elle pour les bénéficiaires de différents types de remédiation vivant dans une communauté disposant ou non d’une école primaire
Notes : Les effets marginaux d’une régression logistique où la variable dépendante est le fait qu’un enfant soit sorti du travail dangereux ou non; et les principales variables explicatives sont des indicateurs pour avoir reçu différents types de remédiation (voir aussi graphique 12). Toutes les régressions prennent également en compte le sexe et l’âge de l’enfant, sa scolarisation au moment de la première visite, le nombre total d’enfants dans le ménage, si l’enfant a des frères et sœurs aînés, si l’enfant vit avec ses parents biologiques, si le chef du ménage et son/sa conjoint(e) sont alphabétisés, l’âge du chef du ménage (simple et au carré), l’accès à l’électricité et la présence d’une école primaire dans la communauté. Les points indiquent les estimations des coefficients, les barres horizontales indiquent les intervalles de confiance à 95 % pour ces estimations.
Enfin, le graphique 14 divise l’échantillon en fonction de si l’enfant vit dans une communauté avec ou sans école primaire.48 Une différence notoire entre ces deux contextes est le fait que les classes passerelles sont associées à une probabilité considérablement plus élevée que les enfants sortent du travail dangereux dans les communautés sans école primaire, probablement car elles remplacent la scolarité formelle dans ces communautés. D’un autre côté, la sensibilisation ciblée est associée à une probabilité plus élevée de sortir du travail dangereux dans les communautés dotées d’une école primaire; cela peut s’expliquer par le fait qu’il est beaucoup plus simple pour ces communautés de privilégier la scolarité des enfants au lieu de leur participation au travail agricole, en réponse à la sensibilisation.
Nous devons prendre en compte quelques points importants pour interpréter les résultats ci-dessus :
Dans notre échantillon de bénéficiaires de solutions de remédiation dans le cadre du SSRTE de l’ICI en Côte d’Ivoire, certains types de remédiation sont dispensés en grand nombre, et d’autres sont beaucoup moins courants. C’est pourquoi nous avons des preuves solides de l’efficacité de certains types de remédiation, tandis que pour d’autres, nous ne disposons pas de suffisamment de données pour tirer des conclusions. Dans les résultats présentés ci-dessus, nous avons exclu les types de remédiation les moins courants, mais même parmi les types présentés, le nombre de cas diffère fortement (des intervalles de confiance plus grands, représentés sous forme de barres horizontales dans le graphique, indiquent un nombre inférieur de cas).
La majorité des enfants identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants ont reçu plus d’un type de remédiation (voir annexe E pour plus de détails ; en effet, 87 % des enfants de l’échantillon ont bénéficié d’au moins deux types de remédiation différents, et 29 % ont même reçu quatre types différents ou plus). Pour comprendre l’efficacité des solutions individuelles de remédiation, nous «prenons en compte» (c.-à-d. nous distinguons les effets) des autres types de remédiation dans notre modèle de régression. Ces estimations sont évidemment moins précises que si nous avions des données expérimentales relatives aux enfants ayant reçu seulement un type spécifique de remédiation.
Dans le cadre du modèle de SSRTE de l’ICI, le choix du type de remédiation dans chaque cas est fait en fonction du profil et des besoins spécifiques de l’enfant, du ménage ou de la communauté (également voir annexe E pour plus de détails). Cependant, les mêmes facteurs qui orientent le choix du type de remédiation déterminent également la probabilité inhérente que le cas puisse être résolu (p.ex. les enfants souffrant de multiples privations peuvent être plus susceptibles de recevoir un soutien pour obtenir un certificat de naissance, mais restent moins susceptibles de sortir du travail dangereux ; les enfants vivant dans des communautés éloignées sont moins susceptibles de sortir du travail dangereux, mais plus susceptibles de bénéficier d’améliorations axées sur l’école; lorsque les parents suivent une formation d’alphabétisation, nous pouvons supposer qu’ils ont également des aspirations éducatives plus élevées que la moyenne pour leurs enfants). Bien que le modèle de régression ci-dessus distingue les effets de certains de ces facteurs (voir la liste des variables de contrôle), plusieurs facteurs n’ayant pas encore été observés peuvent biaiser les résultats. Pour obtenir une preuve incontestable de l’impact des différents types de remédiation pris individuellement, nous devrions nous appuyer sur des recherches expérimentales, qui, à notre connaissance, n’ont pas été menées dans le contexte des projets de SSRTE dans le secteur du cacao.
Ces résultats doivent être considérés comme descriptifs. Ils indiquent quels types de remédiation sont associés à un taux de «succès» plus élevé, qui est une combinaison de l’efficacité d’un type de remédiation en tant que tel, et de la difficulté à traiter la situation de travail des enfants dans laquelle cette solution de remédiation est fréquemment choisie (au-delà des facteurs que nous pouvons prendre en compte dans l’analyse).
Nos conclusions et recommandations
Tout en gardant à l’esprit les limites mentionnées ci-dessus, nous tirons les conclusions générales suivantes :
Après la sensibilisation, le soutien visant à faciliter l’accès à l’éducation et à améliorer la qualité des écoles semble être particulièrement efficace: Ce type de solutions de remédiation est associé à une probabilité supérieure à la moyenne que les bénéficiaires sortent du travail dangereux (ce qui signifie qu’en moyenne, toutes les remédiations contribuent à sortir les bénéficiaires du travail dangereux). Cela pourrait refléter le fait que de meilleures écoles augmentent les bénéfices d’une fréquentation régulière de l’école, même pour les enfants qui combinaient auparavant l’école et le travail. Mettre à l’échelle les interventions axées sur l’école semble être une manière prometteuse de combattre le travail des enfants.
La plupart des types de remédiation semblent être tout aussi efficaces pour les filles et les garçons, avec quelques exceptions: l’octroi de certificats de naissance, les améliorations des structures scolaires, les classes passerelles, les cours de soutien et la sensibilisation entraînent une probabilité plus élevée de sortir du travail dangereux pour les filles que pour les garçons.
La plupart des types de remédiation semblent être tout aussi efficaces pour les enfants de différents groupes d’âge, à l’exception des améliorations des structures scolaires, qui entraînent une probabilité plus élevée de sortir du travail dangereux pour les bénéficiaires plus jeunes (5-12 ans) que pour les plus âgés (13-17 ans).
La sensibilisation ciblée est associée à une probabilité plus élevée que les enfants sortent du travail dangereux dans les communautés dotées d’une école primaire. Conformément à nos attentes, la sensibilisation sur les risques engendrés par le travail des enfants et sur l’importance de l’éducation est la plus efficace lorsqu’elle est combinée à un accès à la scolarité.
Des preuves plus solides sont nécessaires des impacts des différents types de remédiation et de l’ampleur de leurs effets, afin d’orienter les analyses sur le rapport coût-efficacité des solutions de remédiation dans le cadre des SSRTE dans le but d’augmenter la rentabilité des systèmes. La meilleure manière d’obtenir de telles preuves est de mener des recherches expérimentales, où une sélection d’enfants astreints au travail des enfants reçoivent un certain type de soutien dans un environnement contrôlé. L’analyse coût-efficacité des types de remédiation permettra d’augmenter la rentabilité des systèmes et de les mettre à l’échelle.
- Nous nous intéressons à la manière dont différents types de remédiation fournis aux travailleurs enfants sont associés à la probabilité qu’ils sortent du travail dangereux ; les résultats sont purement descriptifs, car le SSRTE attribue les types de remédiation aux enfants en fonction de leurs besoins et de leurs profils.
- Dans l’ensemble, les résultats suggèrent que les interventions visant à améliorer l’accès à l’éducation et sa qualité sont une stratégie de remédiation prometteuse dans le cadre des SSRTE en Côte d’Ivoire.
- Les données suggèrent que les certificats de naissance, les améliorations des structures scolaires, les classes passerelles, les cours de soutien et la sensibilisation pourraient être plus efficaces pour les filles que pour les garçons (dans le contexte des SSRTE mis en place par l’ICI en Côte d’Ivoire); et l’amélioration des structures scolaires pourrait être plus efficace pour les enfants plus jeunes.
- Des preuves plus solides des impacts des différents types de remédiation et de l’ampleur de leurs effets sont nécessaires afin de réaliser des analyses sur le rapport coût-efficacité des différents types de remédiation dans le cadre des SSRTE.
Quelles sont les performances respectives des différents types de remédiation axés sur l’école visant à augmenter la fréquentation scolaire ?
- Données issues des visites de suivi aux enfants précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants dans le cadre d’un SSRTE déployé par l’ICI en Côte d’Ivoire.
- L’enfant a commencé à fréquenter l’école: Un enfant précédemment identifié comme astreint au travail des enfants et déscolarisé a annoncé fréquenter l’école lors de deux visites de suivi consécutives.
- Types de solutions de remédiation: Voir annexe E pour un aperçu et une description des types de solutions de remédiation fournis dans le cadre des SSRTE dans le secteur cacaoyer.
- Les séquences des visites de suivi sont disponibles pour cette étude uniquement pour les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire; la validité des résultats pour d’autres contextes peut être limitée.
- Un type approprié de remédiation est typiquement choisi pour chaque enfant sur la base de son profil et de ses besoins spécifiques, ce qui à son tour augmente les chances pour que l’enfant fréquente l’école; ceci compromet une interprétation causale des résultats.
Notre méthode
Pour compléter l’analyse comparative des différents types de remédiation, nous examinons à présent la capacité des différents types de remédiation axés sur l’école d’aider les enfants déscolarisés à fréquenter l’école. Nous examinons la probabilité qu’un travailleur enfant initialement déscolarisé commence à fréquenter l’école, en fonction du type de remédiation axé sur l’école dont il a bénéficié. Comme dans la section précédente, nous utilisons des séquences de visites de suivi dans le cadre de SSRTE déployés par l’ICI en Côte d’Ivoire.49 Nous considérons qu’un enfant déscolarisé a commencé à fréquenter l’école s’il a déclaré aller à l’école lors de deux visites de suivi consécutives.
Nous utilisons un modèle de régression logistique spécifié comme suit:
les unités d’observation sont les enfants précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants et déscolarisés ;
la variable dépendante est si un enfant a commencé à fréquenter l’école, confirmé par deux visites de suivi consécutives ;
les variables explicatives d’intérêt sont des indicateurs montrant si l’enfant a reçu chacune des solutions de remédiation en lien avec l’école, notamment:
kit scolaire ou uniforme fourni
certificat de naissance fourni
participation à des cours de soutien
participation à une classe passerelle
école construite dans la communauté
amélioration des structures scolaires dans la communauté
école dans la communauté équipée d’une cantine scolaire.
- les variables de contrôle comprennent:
- l’âge et le sexe de l’enfant (sauf si nous distinguons l’échantillon par sexe)
- si l’enfant était scolarisé au moment où il a été identifié comme astreint au travail dangereux des enfants
- si l’enfant vit avec au moins un parent biologique
- si l’enfant a des frères et sœurs aînés
- le nombre d’enfants vivant dans le ménage
- si l’homme chef du ménage et si la femme ou l’épouse du chef du ménage savent lire et écrire
- si le ménage est dirigé par une femme
- l’âge du chef du ménage (sous la forme d’un terme linéaire et d’un terme au carré pour tenir compte d’une relation non linéaire)
- si la communauté est dotée d’une école primaire (sauf si nous distinguons l’échantillon en fonction de la présence d’une école primaire)
- si la communauté est accessible par la route toute l’année
- si la communauté est reliée au réseau électrique.
Afin de mieux comprendre quel type de remédiation en lien avec l’école a été le plus efficace dans quelle situation, nous séparons l’échantillon d’enfants en deux groupes, comme dans la section précédente. Nous observons séparément les garçons et les filles ; les enfants âgés de 5 à 12 ans (âge de l’école primaire), et les enfants âgés de 13 à 17 ans ; les enfants vivant dans des communautés dotées d’une école primaire, et dans des communautés sans école primaire.
Ce que nous constatons
Le graphique 15 illustre à quel point les différents types de remédiation en lien avec l’école sont associés à la probabilité que les filles (points rouges) et les garçons (points bleus) commencent à fréquenter l’école (après avoir distingué les effets d’autres types de solutions de remédiation en lien avec l’école reçus par le même enfant, et les effets des caractéristiques relatives à l’enfant, au ménage et à la communauté). Les points situés plus loin sur la droite indiquent les types de remédiation associés à une probabilité plus élevée que les enfants commencent à fréquenter l’école (les points représentent les effets marginaux des régressions logistiques mentionnées ci-dessus ; voir notes sous le graphique pour tous les détails). Les effets sont uniquement rapportés pour les types d’intervention dont l’échantillon comporte un nombre raisonnablement important d’enfants déscolarisés (ce qui n’est pas le cas pour les améliorations des structures scolaires et les cantines scolaires).
Nous pouvons voir que la probabilité qu’un enfant commence à fréquenter l’école est la plus élevée lorsque des kits scolaires et des uniformes sont distribués, avec une ampleur similaire pour les garçons et les filles. En comparant les filles et les garçons, parmi les interventions en lien avec l’école analysées ici, la seule qui semble être légèrement plus efficace pour les filles que pour les garçons est la distribution de certificats de naissance. D’après les données, les cours de soutien, les classes passerelles et la construction d’écoles sembleraient profiter davantage aux garçons qu’aux filles, mais aucune de ces différences n’est statistiquement significative.
Graphique 15: Dans quelle mesure la probabilité de commencer à fréquenter l’école augmente-t-elle pour les garçons ou les filles recevant différents types de remédiation en lien avec l’école?
Notes : Les effets marginaux d’une régression logistique où la variable dépendante est le fait qu’un enfant ait commencé à fréquenter l’école; et les principales variables explicatives sont des indicateurs pour avoir reçu différents types de remédiation en lien avec l’école. Par exemple, le fait de recevoir un kit scolaire ou un uniforme a un effet marginal d’environ 0,24 pour les garçons, ce qui indique que le fait de recevoir un kit scolaire ou un uniforme augmente la probabilité qu’un garçon commence à fréquenter l’école d’environ 24 points de pourcentage, tous les autres facteurs restant égaux. La valeur zéro sur l’échelle représente la probabilité moyenne pour un bénéficiaire de commencer à fréquenter l’école, qui est d’environ 14 % dans cet échantillon. Toutes les régressions prennent également en compte le sexe et l’âge de l’enfant, sa scolarisation au moment de la première visite, le nombre total d’enfants dans le ménage, si l’enfant a des frères et sœurs aînés, si l’enfant vit avec ses parents biologiques, si le chef du ménage et son/sa conjoint(e) sont alphabétisés, l’âge du chef du ménage (simple et au carré), l’accès à l’électricité et la présence d’une école primaire dans la communauté. Les estimations des coefficients ne sont affichées que pour les types de remédiation ayant des échantillons raisonnablement importants de bénéficiaires (tandis que dans les régressions réelles que nous avons incluses, tous les types de remédiation en lien avec l’école sont compris). Les points indiquent les estimations des coefficients, les barres horizontales indiquent les intervalles de confiance à 95 % pour ces estimations (veuillez noter que les intervalles de confiance ont tendance à être plus grands plus le nombre de bénéficiaires du type de remédiation donné dans l’échantillon est faible).
Lorsque nous désagrégeons l’échantillon par groupes d’âge (graphique 16), les données suggèrent que les kits scolaires sont légèrement plus efficaces pour les enfants en âge d’aller à l’école primaire. Il est intéressant de noter que la même constatation s’applique aux certificats de naissance (mais la différence n’est pas statistiquement significative), même si en théorie, les certificats de naissance donnent accès à l’école secondaire. Une interprétation possible de cette constatation est que la motivation à s’inscrire à l’école primaire augmente si les enfants ont des perspectives pour continuer des études supérieures.
Graphique 16: Dans quelle mesure la probabilité de s’inscrire à l’école augmente-t-elle pour les bénéficiaires (âgés de 5-12 ans ou 13-17 ans) de différents types de remédiation en lien avec l’école?
Notes : Les effets marginaux d’une régression logistique où la variable dépendante est le fait qu’un enfant ait commencé à fréquenter l’école; et les principales variables explicatives sont des indicateurs pour avoir reçu différents types de remédiation en lien avec l’école. Toutes les régressions prennent également en compte le sexe et l’âge de l’enfant, sa scolarisation au moment de la première visite, le nombre total d’enfants dans le ménage, si l’enfant a des frères et sœurs aînés, si l’enfant vit avec ses parents biologiques, si le chef du ménage et son/sa conjoint(e) sont alphabétisés, l’âge du chef du ménage (simple et au carré), l’accès à l’électricité et la présence d’une école primaire dans la communauté. Les estimations des coefficients ne sont affichées que pour les types de remédiation ayant des échantillons raisonnablement importants de bénéficiaires (tandis que dans les régressions réelles que nous avons incluses, tous les types de remédiation en lien avec l’école sont compris). Les points indiquent les estimations des coefficients, les barres horizontales indiquent les intervalles de confiance à 95 % pour ces estimations.
Enfin, nous désagrégeons l’échantillon en fonction de si les enfants vivent dans une communauté dotée d’une école primaire ou dans une communauté sans école primaire (graphique 17). Le graphique inclut uniquement les effets pour les types d’intervention qui sont fournis dans les communautés avec et sans école primaire. Les données suggèrent que les certificats de naissance sont plus efficaces dans les contextes sans école primaire dans la communauté (mais la différence n’est pas statistiquement significative); tandis que pour les autres types d’intervention, la présence d’une école primaire n’affecte pas fortement leur utilité.
Graphique 17: Dans quelle mesure la probabilité de commencer à fréquenter l’école augmente-t-elle pour les enfants vivant dans des communautés avec ou sans école primaire recevant différents types de remédiation en lien avec l’école?
Notes : Les effets marginaux d’une régression logistique où la variable dépendante est le fait qu’un enfant ait commencé à fréquenter l’école; et les principales variables explicatives sont des indicateurs pour avoir reçu différents types de remédiation en lien avec l’école. Toutes les régressions prennent également en compte le sexe et l’âge de l’enfant, sa scolarisation au moment de la première visite, le nombre total d’enfants dans le ménage, si l’enfant a des frères et sœurs aînés, si l’enfant vit avec ses parents biologiques, si le chef du ménage et son/sa conjoint(e) sont alphabétisés, l’âge du chef du ménage (simple et au carré), l’accès à l’électricité et la présence d’une école primaire dans la communauté. Les estimations des coefficients ne sont affichées que pour les types de remédiation ayant des échantillons raisonnablement importants de bénéficiaires (tandis que dans les régressions réelles que nous avons incluses, tous les types de remédiation en lien avec l’école sont compris). Les points indiquent les estimations des coefficients, les barres horizontales indiquent les intervalles de confiance à 95 % pour ces estimations.
Nos conclusions et recommandations
Pour les raisons présentées en détail dans le chapitre précédent, ces résultats sont purement descriptifs. Ils indiquent quels types de remédiation en lien avec l’école sont associés à un taux de «succès» plus élevé en ce qui concerne la fréquentation scolaire des enfants, qui est une combinaison de l’efficacité d’un type de remédiation en tant que tel et de la persistance des obstacles empêchant un enfant de fréquenter l’école (au-delà des facteurs que nous pouvons prendre en compte dans l’analyse).
Tout en gardant cela à l’esprit, nous tirons les conclusions générales suivantes :
En guise de remarque générale, la planification des solutions de remédiation devrait également prendre en compte le fait que différents types de remédiation sont efficaces pour différents objectifs; alors que certaines solutions de remédiation ne sont pas très efficaces pour soustraire les enfants au travail dangereux, elles pourraient améliorer la situation des enfants en favorisant leur fréquentation scolaire et mener à de meilleurs résultats d’apprentissage et de développement (ce qui dépasse le cadre de la collecte de données des SSRTE pour mesurer un panel plus large de résultats).
La distribution de kits scolaires ou d’uniformes est associée à une probabilité plus élevée que les bénéficiaires commencent à fréquenter l’école, probablement car elle aide à surmonter certaines barrières financières empêchant les enfants des ménages pauvres de fréquenter l’école. Il s’agit également du type de remédiation en lien avec l’école qui est déployé à la plus grande échelle.
Les données ne suggèrent pas de différences claires dans les effets entre les garçons et les filles, les enfants de différents groupes d’âge, ou entre les communautés avec ou sans école primaire.
Davantage de données sont nécessaires pour évaluer l’efficacité des interventions au niveau de la communauté ou de l’école pour scolariser les enfants déscolarisés. Les données utilisées ici se limitent aux enfants astreints au travail des enfants et suivis dans le cadre d’un SSRTE. En effet, les interventions au niveau de la communauté et de l’école atteignent un groupe bien plus large d’enfants, y compris ceux qui ne sont pas astreints au travail des enfants.
Ces résultats montrent qu’il serait pertinent d’évaluer les différents types de remédiation en termes de différents résultats au niveau de l'enfant.
Si une solution de remédiation semble être relativement faible pour ce qui est de sortir les enfants du travail dangereux, elle peut en revanche avoir un effet significatif pour ce qui est de scolariser les enfants. C’est ce que nous observons, par exemple, pour la construction de nouvelles écoles dans les communautés. Nous constatons l’effet opposé pour les classes passerelles : comparé aux autres types de remédiation, celles-ci sont particulièrement efficaces pour ce qui est de sortir les enfants du travail dangereux, mais elles sont moins efficaces pour ce qui est d’encourager la fréquentation des écoles standards, en comparaison avec d’autres types de remédiation.
Nous avons également analysé la mesure dans laquelle deux types d’intervention précis sont efficaces pour atteindre des buts spécifiques, à savoir:
- l’effet de la participation d’un parent à une classe d’alphabétisation sur l’inscription scolaire des enfants; et
- l’effet de la mise à disposition d’une brouette à un ménage sur l’implication de l’enfant dans le port de charges lourdes supérieures au poids autorisé.
Dans aucun des cas, nous n’avons pu trouver d’effets statistiquement significatifs pour ces types d’intervention sur les objectifs visés dans le cadre de cette analyse. Plusieurs raisons possibles peuvent expliquer pourquoi les données ne révèlent pas d’effets particuliers suite à ces interventions : par exemple, parce que les parents intéressés par des classes d’alphabétisation peuvent déjà être plus susceptibles d’envoyer leurs enfants à l’école; ou parce que ces types d’interventions sont souvent combinés à d’autres, de sorte qu’il devient difficile d’attribuer les effets à des éléments spécifiques de la remédiation. Des études ciblées utilisant des méthodes expérimentales sont nécessaires pour obtenir plus de preuves de l’efficacité des types spécifiques de remédiation sur les buts visés.
Nous nous intéressons à la manière dont différents types de remédiation en lien avec l’école fournis aux travailleurs enfants déscolarisés sont associés à la probabilité que ces enfants commencent à fréquenter l’école; les résultats sont purement descriptifs, car le SSRTE attribue les types de remédiation aux enfants en fonction de leurs besoins et de leurs profils
Les résultats suggèrent que la mise à disposition de kits scolaires et d’uniformes est une stratégie prometteuse pour augmenter la fréquentation scolaire parmi les travailleurs enfants dans le cadre des SSRTE en Côte d’Ivoire.
Différents types de remédiation donnent des résultats différents en fonction des éléments que nous observons. Les solutions de remédiation qui semblent relativement moins efficaces pour soustraire les enfants au travail dangereux peuvent être efficaces pour favoriser leur fréquentation scolaire et vice-versa.
Des données plus exhaustives (qui ne se limitent pas aux rapports de suivi des travailleurs enfants) et des méthodes robustes d’évaluation sont nécessaires pour comprendre l’efficacité des interventions au niveau de l’école.
Références
39Les séquences des visites de suivi d’un nombre suffisant d’enfants n’étaient disponibles pour cette étude que pour les SSRTE déployés par l’ICI en Côte d'Ivoire, qui sont en place depuis plusieurs années et utilisent un système de gestion des données qui permet le suivi individuel des enfants.
40Le temps qui s'écoule après l'identification d'un enfant astreint au travail des enfants jusqu'à ce que l'enfant reçoive une solution remédiation dépend du contexte local : si les circonstances de l'enfant le permettent, les agents techniques de l'ICI attendent de rassembler les données d'un nombre donné d'enfants de la même communauté pour choisir une solution de remédiation appropriée et ainsi fournir une prestation collective.
41Les questions en lien avec les heures et les jours passés à réaliser des tâches dangereuses ont été posées différemment selon si le ménage recevait une visite pour la première fois afin d’identifier des cas de travail des enfants, ou s’il s’agissait de visites de suivi aux enfants précédemment identifiés comme astreints au travail dangereux des enfants.
42Nous prenons uniquement en compte les cas de travail des enfants identifiés après août 2018, l’année où le gouvernement de Côte d’Ivoire a révisé la liste des tâches dangereuses.
43 Les séquences des visites de suivi d'un nombre suffisant d'enfants n'étaient disponibles pour cette étude que pour les SSRTE déployés par l'ICI en Côte d'Ivoire, qui sont en place depuis plusieurs années et utilisent un système de gestion des données qui permet le suivi individuel des enfants.
44ICI (2021) Étude comparative: Présentation et définition des systèmes de suivi et de remédiation du travail des enfants.
45Les séquences des visites de suivi d'un nombre suffisant d'enfants n'étaient disponibles pour cette étude que pour les SSRTE déployés par l'ICI en Côte d'Ivoire, qui sont en place depuis plusieurs années et utilisent un système de gestion des données qui permet le suivi individuel des enfants.
46Cependant, les effets des interventions axées sur les écoles sont estimés avec une précision particulièrement basse, voir les grands intervalles de confiance, étant donné que le nombre de bénéficiaires dans l'échantillon est relativement faible.
47Un groupe de services communautaires est un groupe de travailleurs adultes formés et équipés, souvent jeunes, qui proposent des services, comme la pulvérisation de produits agrochimiques ou le défrichage des terres, à un prix raisonnable, voire gratuitement.
48Nous n'incluons pas dans cette comparaison les interventions axées sur les écoles, qui ne sont pas pertinentes pour les communautés sans école primaire ou, à l'inverse, là où une école primaire est présente, telles que les cantines scolaires, la construction de nouvelles écoles, l'amélioration des bâtiments scolaires.
49Les séquences des visites de suivi d'un nombre suffisant d'enfants n'étaient disponibles pour cette étude que pour les SSRTE déployés par l'ICI en Côte d'Ivoire, qui sont en place depuis plusieurs années et utilisent un système de gestion des données qui permet le suivi individuel des enfants.